vendredi 19 novembre 2010

23- La richesse des pauvres

Les études coûtent chers. Pas à cause des frais scolaires, mais à cause du temps nécessaire à l'étude qui nous empêche de travailler ou alors d'avoir une vie sociale décente (il y a un choix à faire!) C'est d'autant plus difficile lorsque l'on ne reçoit pas d'aide.

Il y a deux ans, j'ai entamé une procédure pouvant me donner le critère d'autonomie. Ce critère, une fois obtenu, permet de ne plus considérer le revenu des parents dans ceux de l'étudiant (car l'aide financière considère que tous les parents aident leurs enfants dans leur étude... c'est à leur yeux une vérité fondamentale -qui n'est pas inscrite dans les gènes de ma mère et de beaucoup d'autres parents, aux dires de plusieurs étudiants)

En septembre, j'étais donc supposée recevoir des bourses, car, sans le salaire de ma mère, je suis pauvre (avant, je ne l'étais pas.....) Mais une erreur s'est glissée dans mon dossier. Une erreur, une maladresse, une connerie. En septembre, enfin, sonnait ma délivrance lorsque j'apportais l'épais dossier contenant les nombreuses et interminables preuves nécessaires pour obtenir ce fameux critère d'autonomie. Mais quelques semaines plus tard, je reçois un fatidique coup de téléphone: je suis refusée à l'aide financière. Pire encore! Je n'étais même pas accessible aux prêts que j'ai toujours eu!

Nous étions fin septembre... la période d'embauche est terminée. Il m'a fallu quelques autres semaines pour me trouver un deuxième emploi pouvant me donner plus d'heures. Entre temps, j'avais grugé sur mes économies en attendant de recevoir l'argent du gouvernement. Afin de rembourser les dettes accumulées depuis septembre, je devais travailler un minimum de 30 heures par semaine, en plus de mes trois cours d'université et de cégep.

Je n'ai pas pu taugher plus de trois semaines. J'étais en larmes, complètement épuisée et découragée. Malgré tous les efforts que je faisais, l'argent aussitôt arrivé, partait pour le paiement des comptes. J'ai remis mes priorités en ordre: il fallait finir les cours du cégep en premier, sinon, je ne serai pas admise à l'université en janvier et je n'aurai pas d'argent à ce moment-là. Alors j'ai descendu le nombre d'heures de travail au minimum: 20 heures.

À la mi-session, le cégep était très bien avancé, mais j'ai eu des très mauvais résultats à l'université. J'ai lâché un travail: 15 heures. Maintenant, je n'ai plus d'argent. Je dois emprunter pour manger et c'est à peine si je m'offre le luxe de me chauffer. J'en suis rendue à ce point-là.

La pauvreté, à Montréal, à quelque chose d'absurde. J'ai Internet, j'ai un iPhone (bon... reçu en cadeau!), j'ai un appartement, j'ai une télévision (reçu en cadeau aussi), mais je n'ai pas de foutu argent pour m'acheter un café à 1,50$!

Comme si ce n'était pas suffisant, je suis tellement à cran que je tombe malade à rien. Tout pour optimiser mon efficacité! Et j'ai presque envie de me battre lorsque je dois dépenser l'argent de l'épicerie pour... des médicaments!!!!!!

Oui... je pourrai aller courir pour me déstresser et renforcer mon système immunitaire, mais le gym de l'université est loin (45min) et... comme on a faim en revenant de s'entraîner!!! Alors ce que je fais, jour après jour, c'est des devoirs, de l'école, du travail et du dodo. Parfois, mon chum brise cette routine, mais c'est bien le seul que je vois plus d'une fois par semaine.

Rien. De. Plus.

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Quand je dis que la pauvreté a des allures absurdes: mon chum vient de m'offrir un voyage aux Bahamas cet hiver!

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