lundi 15 novembre 2010

20- La mère

Ma mère...
À la fin de cet été et au début de l'automne, ma mère a fait plusieurs actions qui m'ont amené à prendre une grande décision: l'écarter de ma vie. Depuis, je me sens mieux. Véritablement mieux. Je n'ai plus de pression, je n'ai plus de stress, je me sens libérée et même, pour pousser jusqu'au zèle (et aussi parce que c'est un peu drôle), ma vie sexuelle s'en porte mieux !!

Non, pour vrai, je me sens comme ce chat qui vient de cracher une vilaine boule de poils qui était coincée depuis fort très longtemps. Parce que ma mère, c'est un gros tapon de poils entremêlé où la poussière et autres minuscules déchets s'est pris entre les filaments. Elle est remplie de vide où de vieux fantômes sont venus se pendre. C'est un tas de problèmes qui se mélangent les uns aux autres et à cause des nombreux nœuds, on arrive jamais à en connaître l'origine, la cause, la raison, le pourquoi du commun. On se fatigue à essayer de comprendre, de voir clair, de chercher un sens. On finit simplement par se perdre, se faire prendre et ensuite, vouloir se pendre.

Je ne me sens même pas capable d'avoir une once de dégoût sur ce que je suis en train de dire: j'en ai marre. Ma mère est un monstre gluant semblable à une sangsue, mais sans les vertus thérapeutiques de celles-ci, il faut le préciser. À plusieurs reprises, j'ai voulu me détacher d'elle, m'enlever à son emprise, toujours avec plus ou moins de succès, d'échecs.

Une fois, je suis même allée au poste de police tellement j'en avais marre. On a parlé de la DPJ. Ma mère s'est effrayée, moi aussi. Je trouvais ça pas mal gros, la DPJ, t'sais, pour une mère qui frappe pas et qui nous nourrit bien. Mais j'avais, quoi... 14-15 ans? C'était facile pour ma mère de me faire alors passer pour une folle. Et c'était facile pour la DPJ de se dire: elle est assez vieille pour savoir ce qu'elle fait.

Ben non. Ostie. J'aurais du continuer les démarches. Je me suis faite entourloupée par ma mère. J'ai rembarqué sur le bateau familial sans savoir comment et tout en continuant de vomir par-dessus bord, je regardais le rivage qui s'éloignait, s'éloignait, s'éloignait.

Après ça, je suis sûre que ma mère a commencé à me détester. Moi aussi je la détestais, mais je savais pas trop vraiment pourquoi encore. Ma mère est intelligente, quand même, c'est une bonne manipulatrice, en somme.

J'ai chié tout ce que j'avais pour enfin pouvoir partir en appartement. C'est finalement un coup de poing à la tête lancé par mon frère après une sérieuse engueulade avec ma mère qui m'a fait décampé. En une semaine, j'avais trouvé mon coloc pis mon appart. Deux semaines plus tard, je partais sous les yeux peinés de ma mère qui me trouvait don jeune pour partir. Mais elle devait choisir: mon frère ne remettrait pas les pieds à la maison tant et aussi longtemps que j'étais à la maison. C'était un demi-mal.

Maudit que j'étais bien à l'époque. Le cégep, l'aide financière, le boulot, les amis, les sortis. Je me sentais à l'époque où je jouais à la grande alors que j'en avais 5. Je me suis débrouillée pas mal, j'étais bien. Le jeu entre ma mère et moi s'est calmé. Je me suis rapprochée, ma mère m'a de nouveau encerclé.

Alors je suis partie en Allemagne et juste avant, j'ai eu une de ces fameuses discussions, pire que dans le pire des films les plus pathétiques sur les départs dans un autre pays. Je l'ai cru folle. Je suis partie soulagée.

À mon retour, tentative de ma mère de me garder sous son aile. Échec. Elle était trop occupée par son emploi, j'imagine. Le cœur y était moins. Ce fut facile de revenir en appartement, pas de résistance. Elle était juste déçue que je sois si pressée de partir de chez elle. Ça l'aurait flatté que je m'éternise un peu et ça l'aurait rendue heureuse de me mettre dehors à cause de mon stock dans le garage qui commence à prendre d'la place... comme si ça pouvait gonfler au fil des mois qui passent...

Il y a eu encore ce jeu de chat et de souris qui s'agacent. Elle semble être devenue gentille, je viens, j'approche, elle sort les griffes, je m'éloigne, elle fait le chat qui dort et je reviens, la croyant de nouveau inoffensive.

À force de venir et de partir comme ça, j'ai fini enfin par comprendre véritablement en quoi consistait la manipulation de ma mère. Le pire dans tout ça, c'est qu'elle y excelle tellement bien, et c'est rendu si naturel pour elle qu'elle juge maintenant son comportement de normal et qu'elle est incapable d'y voir une quelconque faute.

Peut-être aussi que c'est plus profond que ça. Peut-être qu'elle est incapable d'aimer. Allez savoir ce qui l'a rendu si inapte à cette aptitude. en fait, j'ai réalisé en parlant avec une amie, l'autre jour, que j'ai de magnifiques souvenirs d'enfance avec ma mère, mais qu'après la mort de mon père, les bons souvenirs s'espacent pour laisser place à des souvenirs désagréables.

Bref, depuis septembre, je n'ai pas vu ma mère et je m'en porte merveilleusement bien. Cependant, hier, ma mère, écœurée de se faire ignorer par moi, m'a poliment conviée avec toute sa bonne vieille manipulation à une petite soirée dans un café, après mon travail. Elle ira même me reconduire jusqu'à chez moi après, comme ça, j'aurai plus de temps pour faire mes devoirs. Le tout avec un ton sec, un débit rapide, et un point d'interrogation où la réponse est déjà incluse dans la question.

Ce soir-là, elle m'a scrappé ma soirée.

La dite soirée fantastique était programmée pour vendredi de cette semaine, mais, miracle! ma boss m'envoie un SMS pour me demander si j'étais d'accord pour changer de shift et m'envoyer dans une autre école où je terminerai trop tard pour la rencontre annoncée avec ma mère.

Cette soirée-là, ma boss a fait ma semaine.

2 commentaires:

  1. Woah. On ne lit pas ça souvent. Mon prochain livre va sortir au printemps. Je crois que le dernier chapitre va te faire dresser les poils sur tout le corps.

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  2. Une chance! Je ne souhaite pas ça à personne!!!

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