samedi 15 janvier 2011

38- Je bouffe des neurones

Je me suis inscrite dans un baccalauréat en linguistique et en psychologie avec l'idée de venir en aide à ceux qui ont de la difficulté ou des problèmes au niveau linguistique et éventuellement, de faire de la recherche au niveau du comportement humain et de son langage, du genre: à quel point la représentation linguistique visuelle ou auditive, affecte notre comportement ou vision du monde.

Je savais bien qu'en choisissant ce bac, j'aurai à étudier le cerveau. Ça ne me plaisait guère et même, ça me faisait peur. Mes expériences avec la biologie/chimie/physique au secondaire ont été très difficiles et pénibles. J'y comprenais rien et franchement, toutes ses théories m'ennuyaient à mourir. Ça avait été tellement traumatisant pour moi que j'ai même pensé oublier ce champ d'étude et focaliser sur autre chose...

À bien y réfléchir, c'est un peu incroyable que je me sois retrouvée dans ce genre programme de science! Mais le plus incroyable, c'est que je n'en suis qu'à ma deuxième semaine de cours à l'université dans ce programme et je suis tombée complètement en amour avec la neurologie. En amour à un point fou! J'ai un gros manuel, du genre encyclopédies de dinosaures pour enfants. Il m'a coûté tellement cher que j'ai -encore!- remis mes études en question. J'ai été encore plus découragée quand je me suis aperçue qu'on allait lire seulement quelques pages. Et ben, ce manuel, je me trimballe avec partout, j'adore le lire en public et j'ai bien l'intention de passer au travers!!!

vendredi 14 janvier 2011

37- Le semi-développé

Hier soir, je suis retournée dans mon village natale. Bien que son statut soit passé depuis longtemps à celui de "ville", dans ma tête, ça s'affichait comme un véritable village. Encore plus qu'avant.

J'ai vu défilé à travers les vitres de l'autobus les mêmes magasins de ma jeunesse: "Les p'tites aubaines", le "Marché aux puces", le magasin de tissus, la bijouterie avec la même enseigne lumineuse, etc.

Mais pire encore, j'ai pu constater que l'efficacité du réseau de transport en commun avait régressé... j'ai même eu peur de ne pas trouver d'autobus qui reviennent à Montréal. On m'a proposé de partir au métro Laval pour 4,15$, plus un autre 2-3$ ticket pour Laval (parce que c'est des cons). À ce prix-là... t'es pas rendu loin d'un taxi... Alors j'ai attendu 45 minutes pour qu'un bus me drop littéralement à Montréal. À peine il est entré sur l'île, qu'il était déjà sorti. Aucune galanterie; même à -40, il ne nous amènerait pas au métro Henri-Bourassa... comme avant.

Ce que j'ai remarqué aussi sur mon chemin du retour que j'ai fait à pied parce qu'il n'y avait pas d'autobus, c'est que l'état des routes est la même qu'il y a huit ans. Là où y'avait un tas de garnotte qui m'a fait bêcher plus d'une fois en roller blade, ben... y'a encore un tas de garnotte. Les gros trous n'ont pas été bouchés, les "effondrements" de trottoirs s'agrandissent et rien n'est à prévoir pour réparer cette route PRINCIPALE...

Alors après payé pour un transport en commun de marde, après avoir marché 30 minutes dans le froid faute d'autobus -ou de taxis-, après avoir attendu 30 minutes au terminus pour me faire déposer sur un coin de rue perdu à Montréal, j'en suis venue à cette conclusion: je déteste les villes et villages à semi-développer.

mercredi 12 janvier 2011

36- Mon facteur

Mon facteur semble être une personne spéciale. Alors que la plupart ne se contentent que de déposer les enveloppes aux endroits appropriés, lui semble définitivement souffrir du contact humain et cherche la moindre occasion pour sonner à ma porte.

La première fois, c'était pour m'engueuler sur une erreur qu'il y avait dans mon adresse. "Là, là! Mademoiselle, il faudrait que vous avertissez cet expéditeur que votre adresse n'est pas la bonne!"

Sur ce, il m'avait remis mon courrier en main propre et était parti en me souhaitant bonne journée. Je n'avais même pas eu le temps de lui dire quoi que ce soit qu'il avait déjà les pieds sur le trottoir...

Aujourd'hui, c'est la sonnerie de la porte qui me tire du lit. Monsieur le facteur est au pied de la porte et s'amuse de mon air matinal! Il me demande si je me suis envoyée à moi-même une enveloppe (comment a-t-il fait pour savoir que c'était moi qui avait écrit mon adresse??!) Je réponds que c'est une enveloppe affranchie pour un renvoi de devoir universitaire et là, il m'explique que si ça avait été pour des droits d'auteurs, il aurait fallu faire autrement.

Mais le plus surprenant, c'est qu'après avoir terminé avec ça, il me demande si je commente parfois les articles du journal le Devoir. "Pardon?!" Il me répond en me sortant le nom d'un journaliste, celui que j'ai blâmé publiquement son manque de professionnalisme. Je lui ai même écrit personnellement sur son adresse courriel tant j'étais indignée de son ton subjectif vis-à-vis une certaine communauté.

J'ai pas cru mes yeux que mon facteur me reconnaisse. "Oui! Oui! Ton nom m'a sauté aux yeux; ça me disait quelque chose!" Ha bon... d'accord!

Internet est vraiment, vraiment surprenant...

mardi 11 janvier 2011

35- L'incertitude

Ça a commencé par un mensonge. Un tout petit mensonge. Qui a fait mal physiquement. Un peu de sang. Même pas besoin de pansement. Je suis grande. Mais il y a eu quand même une larme. Et après, quand il a vu ma faiblesse, je l'ai accusé. Les mots sont sortis tout croche, comme d'habitude. Et là, c'est moi qui l'a heurté. Depuis, malgré les mots, il y a un silence accablant entre nous.

Moi, je suis épuisée de mon côté et cette lassitude m'envahit avec ce doute terrible que tout ce temps passé ensemble passera et terminera dans mon passé à venir...

Toujours ce découragement devant l'incertitude...

vendredi 7 janvier 2011

34- En souvenir d'un temps

J'ai envie de retrouver cette attitude désinvolte, souple et heureuse que j'avais au cégep, quand j'ai commencé à habiter en appartement. Je me sentais grande dans mon appartement, ou petite comme dans le temps où je faisais semblant de tenir une maison, de faire à manger et de m'occuper d'un bébé.

Aujourd'hui, je me suis sentie un peu comme ça, en achetant mes bottes d'hiver. C'est la première fois que j'en achète en cuir et qui monte jusqu'au dessous des genoux, du genre, un peu "madame" ou "grande personne"! Alors je me sentais très femme quand même avec mes bottes d'hiver.

Ça faisait longtemps que je ne m'étais pas acheté quelque chose de "nouveau" pour moi. Et ça m'a rappelé cette période au cégep où, quand j'achetais de nouveaux articles ménagers, je sentais que "m'installais", que "j'acquérais" quelque chose d'utile, de nécessaire, d'obligatoire à la vie de "grande personne"!!

Je sais, c'est con et c'est dans ma tête! Mais on a tous des références de ce qu'est un adulte quand on est jeune et adolescent. Moi, c'était par rapport au chose que j'avais dans mon appartement (donc plus besoin de demander à maman pour avoir un marteau ou d'aller à la buanderie, comme le cliché de l'étudiant, par exemple!)

jeudi 6 janvier 2011

33-

Je reviens des vacances, enchantée, énergique, vivante, nouvelle.
Il y a tant à faire: le ménage, le lavage, la facture de Bell qui niaise encore, vérifier les soldes des deux cartes de crédit...
Il y a tant à faire, et pourtant, ça ne me dérange pas.
En vacances, j'ai décroché de mon affreuse To Do List. L'horrible chose à la source même de mon stress et de mon angoisse constante.
En vacances, j'ai vu des Noirs et des Blancs, ensemble, dans un village. Les enfants jouaient ensemble. Et ce n'était pas les Blancs contre les Noirs. Ça me faisait tout drôle. J'ai trouvé ça beau.
Ensuite, j'ai vu des Noirs et des Blancs, qui se partageait un village. Des adultes travaillant comme des machines. Les Noirs envahissaient le village dès que les Blancs partait tôt le matin pour payer leur grosse maison sur le bord de l'eau. On ne voyait que le fantôme de ces peaux blanches, circulant le soir à bord de leur grosse voiture sur une minuscule petite île perdue dans les Caraïbes. Ça n'avait pas de sens. Les Noirs, eux, marchaient ou roulaient à bicyclette, même si leur journée sur le terrain avait été pénible. Ils nous souriaient pourtant encore quand on passait à leur côté.
En traversant les villages des Noirs, le jour ou le soir, il y avait ces hommes ou ces femmes, assis là, comme s'ils attendaient qu'une voiture passe pour la saluer. Ils nous saluaient tous, sans exception. De la main, de la bouche et des yeux.
Les Blancs, eux, dans leur voiturette de golf, ne levait que le doigt du volant quand ils croisaient quelqu'un sur leur chemin en direction de leur maison.
On trouvait ça drôle, mais on n'avait pas cette envie de s'arrêter pour aller leur parler. Et les Blancs avec les grosses voitures roulaient trop vite vers chez eux pour nous voir...
Enfin, j'ai compris la différence entre ces villages de Blancs où les Noirs venaient lorsque les Blancs partaient et ces villages de Noirs, où les Blancs s'amusaient avec les Noirs, également.
C'est que les Blancs errent comme des fantômes. Ils errent sans but dans la vie dans leur grosse voiture pour se faire remarquer, parce qu'ils savent qu'ils ne sont rien. Alors il faut se faire voir, par tous les moyens. Eux, les Noirs, ils errent aussi dans la vie, comme tous les êtres vivants sur la Terre. Seulement, ils ne cherchent pas à se faire remarquer. Ils savent que peu importe l'importance qu'on donne à quelque chose, elle reste futile: l'être humain est indéniablement inutile pour la nature, si ce n'est pas nuisible...