jeudi 6 janvier 2011

33-

Je reviens des vacances, enchantée, énergique, vivante, nouvelle.
Il y a tant à faire: le ménage, le lavage, la facture de Bell qui niaise encore, vérifier les soldes des deux cartes de crédit...
Il y a tant à faire, et pourtant, ça ne me dérange pas.
En vacances, j'ai décroché de mon affreuse To Do List. L'horrible chose à la source même de mon stress et de mon angoisse constante.
En vacances, j'ai vu des Noirs et des Blancs, ensemble, dans un village. Les enfants jouaient ensemble. Et ce n'était pas les Blancs contre les Noirs. Ça me faisait tout drôle. J'ai trouvé ça beau.
Ensuite, j'ai vu des Noirs et des Blancs, qui se partageait un village. Des adultes travaillant comme des machines. Les Noirs envahissaient le village dès que les Blancs partait tôt le matin pour payer leur grosse maison sur le bord de l'eau. On ne voyait que le fantôme de ces peaux blanches, circulant le soir à bord de leur grosse voiture sur une minuscule petite île perdue dans les Caraïbes. Ça n'avait pas de sens. Les Noirs, eux, marchaient ou roulaient à bicyclette, même si leur journée sur le terrain avait été pénible. Ils nous souriaient pourtant encore quand on passait à leur côté.
En traversant les villages des Noirs, le jour ou le soir, il y avait ces hommes ou ces femmes, assis là, comme s'ils attendaient qu'une voiture passe pour la saluer. Ils nous saluaient tous, sans exception. De la main, de la bouche et des yeux.
Les Blancs, eux, dans leur voiturette de golf, ne levait que le doigt du volant quand ils croisaient quelqu'un sur leur chemin en direction de leur maison.
On trouvait ça drôle, mais on n'avait pas cette envie de s'arrêter pour aller leur parler. Et les Blancs avec les grosses voitures roulaient trop vite vers chez eux pour nous voir...
Enfin, j'ai compris la différence entre ces villages de Blancs où les Noirs venaient lorsque les Blancs partaient et ces villages de Noirs, où les Blancs s'amusaient avec les Noirs, également.
C'est que les Blancs errent comme des fantômes. Ils errent sans but dans la vie dans leur grosse voiture pour se faire remarquer, parce qu'ils savent qu'ils ne sont rien. Alors il faut se faire voir, par tous les moyens. Eux, les Noirs, ils errent aussi dans la vie, comme tous les êtres vivants sur la Terre. Seulement, ils ne cherchent pas à se faire remarquer. Ils savent que peu importe l'importance qu'on donne à quelque chose, elle reste futile: l'être humain est indéniablement inutile pour la nature, si ce n'est pas nuisible...

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