dimanche 14 novembre 2010

19- Ces temps vagues...

Depuis trois jours, je souffre d'acharnement. L'acharnement total, le vrai, celui des lesbiennes féministes menstruées. Sauf que je ne suis pas lesbienne et surtout pas féministe. On passe pour le troisième qualificatif.

Hier, toutefois, l'acharnement s'est dissipé sous le bras d'un aveugle. Je revenais de mon examen de Cégep@distance, plus acharnée que jamais. Cependant, j'avais des bonnes intentions. Mon chum et moi avions prévu de passer une belle soirée ensemble. J'ai donc mis de côté ma mauvaise humeur, ma fatigue et mon irritation et j'ai fait un détour de 20 minutes pour aller acheter tout ce qu'on avait de besoin pour faire un bon tajine québécois (c'est ça qu'on appelle l'assimilation!)

Baguette de pain sous le bras, sacoche et sac d'épicerie sous l'autre, je m'en reviens, trotti-trottant vers le métro. C'est alors que je vois un homme, avec sa canne blanche, qui semble assez perdu. Il essayait de descendre par les escaliers montants.

"Je vous donne un coup de main?! Vous êtes sur le point de descendre en montant, là!" On fait marche arrière, littéralement (mes expériences de guide-aveugle n'étant pas très nombreuses..) et on revient vers les escaliers descendants. L'homme semblait si calme, si "ok" avec la situation. À sa place, j'aurais plutôt sacré comme le calvaire et garroché ma canne blanche au boutte de mes bras, mais lui, non, il me souriait sans savoir si j'étais vraiment en face de lui.

Ça m'a troublé.

Ensuite, il partait direction Snowdon. Je l'ai accompagné sur le quai et j'ai laissé mon aveugle là, un peu inquiète pour le reste de sa promenade.

Il ne m'a pas enlevé mon acharnement, mais disons que, pendant un instant, mon monde s'est arrêté de tourner autour de mon nombril et ça m'a fait du bien.

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