jeudi 9 décembre 2010

30- La faiblesse du Père Noël

Hier, ma Grand-Mère rencontrait le Père Noël à son centre. Elle en a été si excitée qu'elle a fait une chute de pression. Chaleur, sueur, faiblesse, etc. Enfin... on a dit que c'était à cause du Père Noël qu'elle s'était sentie si faible soudainement. On l'a dit, pour rire, mais la réalité, c'est qu'elle est vieille.

Ce qui m'attriste, ce n'est pas qu'elle meurt. Ce qui m'attriste, c'est que sa fin de vie sera remplie d'un jargon médical qu'elle comprendra de moins en moins. Elle sera seule dans un monde extraterrestre. On lui branchera des machines dans le corps et de temps en temps, des figures vaguement familières apparaîtront comme des mirages au pied de son lit. Ce sera nous, une fois par semaine (c'est un minimum), mais elle ne s'en rappellera plus.

J'avais envoyé un SMS à ma mère, pour lui dire que j'avais parlé à l'infirmière en chef de son centre. Cette madame de 45 ans me prenait de haut: "T'as quel âge, toi?! Parce que moi, j'ai 45 ans, je suis infirmière et j'en prendrais pas de personnes âgées chez moi."

Oui, mais on n'est pas tous pareil. En tant que moindrement éduquée, l'infirmière devrait le savoir, ça. Et puis j'ai un père qui s'est suicidé tellement il était mal. Maladie mentale ou non, je sais que la tristesse, ça peut mener loin. Ça aussi, c'est pas difficile à comprendre, surtout quand on a un diplôme. Ça me donne envie de sacrer.

De lui cracher dessus.

Je deviens méchante avec les personnes qui se sentent meilleures que moi et qui oublient l'intérêt des plus faibles. J'ai envoyé promener le dealer de lithium de la sœur quand ce docteur m'a dit que je souffrais fort probablement de bipolarité, comme elle, comme mon père aussi, sans doute.

Dans tous les cas, il a fallu que je demande moi-même à ma mère si elle avait reçu mon SMS. Elle a dit: "Oui, on en reparlera. Je vois beaucoup d'inconvénients. Et des gros, à part de ça."

Dans la tête à ma mère, je suis naïve parce que j'optimise et elle, elle négative. Mais quand même, je vois dans toute son attitude un mince espoir. Je dois la faire rêver, ce qui n'a pas du lui arriver très, très souvent, ces derniers temps.

Mais elle a peur d'optimiser. Vous savez, elle a été tellement désillusionnée dans sa vie...! Alors on ne s'en est pas reparlé. J'ai envie de la traiter d'idiote.

Ma mère a envoyé un courriel à mon frère, à ma sœur et à moi pour savoir ce qu'on voulait comme cadeaux de Noël. J'ai pensé l'ignoré, mais elle nous a menacé de pantoufles de chien et de pyjamas de canard si on ne lui donnait pas de réponse avant demain.

Je savais que la question viendrait et j'y ai pensé. Ce que j'aimerais, ça serait que ma mère devienne honnête. Et avec elle, et avec moi, et tout son entourage. Il me semble que ça irait tellement mieux après. Mais après, j'ai pensé: l'honnêteté, ça s'emballe pas, alors elle ne comprenait pas comment répondre à ma demande. Pour lui faire plaisir, j'ai répondu: des certificats cadeaux: université, métro, SecondCup, linge. Mais moi, ça ne me fait pas plaisir.

Ce matin, il y avait encore dans la barre de recherche Google: Couper lez ponts avec sa famille. Je n'ai trouvé qu'un seul article moyennement intéressant, hier. Mais ça faisait du sens, quand même. Ma mère m'épuise, ma mère m'intoxique, ma mère ne m'apporte rien. Ce sont des raisons suffisantes pour éloigner une personne de moi.

Et ma mère, s'est aussi une personne.

1 commentaire:

  1. J'en ai longtemps voulu à ma mère de ne pas être une mère. Quand j'étais plus jeune, elle était très agressive et méchante envers moi. En vieillissant, elle s'est calmée, mais il y a deux ans à peu près, elle m'a dit des trucs qui m'ont vraiment choquée... En tout cas, à ce moment-là, j'ai commencé une psychothérapie et j'en suis venue, par moi-même, à me dire que ma mère ne serait jamais une mère pour moi. Ma psy m'a dit que c'était très sage pour mon âge et que certaines personnes ne s'en aperçoivent qu'à cinquante ans, et il est alors trop tard. Je connais pas ta situation, mais j'te dirais que depuis que je n'ai plus d'attentes "maternelles" envers cette personne, notre relation va beaucoup mieux. Pardonner, je pense que c'est accepter que la personne soit (ait été) différente de ce que tu aimerais (aurais aimé).

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